French Tech : Swile a doublé ses pertes en 2021

Devenir grand implique de grands changements. En juillet dernier, la licorne française Swile est entrée en négociations exclusives en vue d'acquérir Bimpli (ex-Apetiz), filiale du groupe BPCE, pour un montant non communiqué. En parallèle - et sous réserve de validation des autorités réglementaires - le groupe bancaire doit entrer au capital de la start-up spécialisée dans les avantages salariés à hauteur de 22 % et ainsi devenir son premier actionnaire.

Cette opération a obligé Swile à publier cet été l'ensemble de ses comptes depuis sa création en 2017. Cette transparence, rare dans la French Tech, deviendra indispensable à l'avenir, à en croire son patron. « Les start-up vont devoir mettre de plus en plus l'accent sur le chiffre d'affaires et la rentabilité », souligne Loïc Soubeyrand dans un contexte de baisse des valorisations et ralentissement des levées de fonds .

41 millions d'euros de pertes

En 2021, la jeune pousse a enregistré 11 millions d'euros de chiffre d'affaires contre 4,6 millions en 2020, soit une croissance de 139 %. Swile indique en complément aux « Echos » avoir dépassé fin 2021 les 20 millions d'euros de revenus récurrents annuels (ARR, l'indicateur clé des start-up qui proposent des logiciels sous abonnement (les « SaaS ») mais qui ne figure pas dans les comptes et bilans des jeunes pousses.

Les pertes de Swile se sont, quant à elles, élevées à 41 millions d'euros en 2021, contre 20,7 millions l'année précédente. Des montants qui peuvent paraître colossaux pour une société de la taille d'une grosse PME - Swile compte 326 salariés fin 2021 - mais les déficits sont courants chez les start-up qui privilégient des investissements massifs durant leurs premières années d'existence au détriment de la rentabilité.

Swile a plusieurs sources de revenus. La plus importante concerne son activité d'origine, le titre-restaurant, et consiste à prélever un pourcentage sur chaque transaction. Même mécanisme pour le titre cadeau et le titre mobilité et prochainement le chèque vacances.

La start-up facture aussi des abonnements mensuels pour ses autres produits (engagement des collaborateurs, outils pour CSE, gestion des frais de déplacements), qui ont été progressivement ajoutés grâce à des acquisitions.

Rentabilité en 2024

Au total, la licorne tricolore a racheté quatre sociétés dont le brésilien Vee Beneficios en 2021, pour un montant non communiqué (80 % en échange de titres). Cette opération lui a ainsi permis de s'implanter dans ce pays qui est le premier marché mondial des avantages employés. « Le Brésil doit devenir notre marché numéro 1 dans les années à venir », indique Loïc Soubeyrand.

C'est aussi durant cette année qu'elle obtenait le statut de licorne grâce à une levée de fonds de 149 millions d'euros (dont 34 millions de secondaire) accompagnée d'un emprunt de 26 millions d'euros (dont 5 millions d'euros de Bpifrance), comme il est précisé dans ses comptes annuels.

Le rachat de Bimpli va faire bondir ses revenus pour atteindre les 140 millions d'euros en 2022, avec un objectif de rentabilité en 2024. Ce nouvel ensemble regroupe actuellement 5 millions de salariés utilisateurs répartis dans 75.000 entreprises. Ce qui le place encore loin derrière d'Edenred (50 millions d'utilisateurs dans le monde) et Up (24 millions).