L'édito de Vincent
On se doutait que l’Etat n’avait plus d’argent, on sait maintenant qu’il n’a pas d’idées non plus. C’est d’ailleurs le principal reproche que l’on peut faire au lendemain de la restitution du CNR Logement. Le Ministre a fait le choix de défendre auprès de Bercy des mesures budgétaires mais l’issue était connu d’avance. Rien, nada, keutchi ! Pourquoi ne pas avoir profité de ces débats pour innover et pousser des réformes à coût zéro pour les finances publiques?
Nous en avons proposées plusieurs chez Real Estech, et nous le faisions encore hier dans une tribune publiée sur le site du JDD : Nos 5 propositions pour produire 50 000 logements à coût zéro. Simplification drastique des procédures d’urbanisme, montages juridiques pour inciter les maires à faire sortir des opérations, taxe sur la vacance pour prendre en compte les conséquences de la ZAN, etc… il y a tant à faire dès demain pour relancer notre industrie.
C’est d’ailleurs l'un des enseignements que nous tirons de ces 6 mois de concertation : nous n'allons que trop rarement dans le détail des propositions avec les décideurs publics. Nous sommes reçus, nous sommes écoutés puis vient le moment où nous envoyons des notes précises sur nos propositions. Et là c’est le grand silence, presque toujours. On se demande légitiment si l’Etat est suffisamment équipé pour mener ce genre de discussions, notamment depuis que le Président a souhaité réduire le nombre de conseillers dans les cabinets ministériels, Alors ce même Etat ressort les vieilles rengaines, parfois soutenues par les syndicats traditionnels, en essayant de faire bouger 1 ou 2 paramètres. Ca ne marche plus.
Alors que faire? Se plaindre ou agir? Va pour la deuxième voie. Nous proposons ainsi 3 points de méthode pour essayer de faire avancer notre secteur dans les mois à venir :
- Ecrivons nous-mêmes les textes de loi que nous voulons voir voter et allons en faire la promotion directement auprès des députés et dans le débat public. On le voit, malgré le travail incontestable des équipes du Ministre, la traduction de nos propositions en texte législatif applicable est rare. A nous de jouer. Nous pensons notamment à l’indispensable travail de simplification ou encore aux incitations à la transformation bureau/logement.
- Disons publiquement ce que l’Etat n’ose pas dire. Tous les intervenants à la réunion d’hier se sont félicités du consensus qui s'est dégagé des débats au sein du CNR. Consensus? C’est une vaste blague. Dans les 2 groupes de travail auxquels nous avons participé, c’est plutôt le dissensus qui nous a marqué. D’un côté, des élus des métropoles qui ne veulent plus que leurs villes grandissent. De l’autre, des habitants qui veulent s’installer à tous prix dans ces métropoles pour bénéficier des opportunités. On est loin d’un diagnostic partagé, comme sur le rendement de l’investissement résidentiel quand certains proposent un statut du bailleur privé alors que d’autres, encore les élus locaux, plafonnent toujours plus les loyers. Real Estech avait proposé à l’Etat de faire du name and shame vis-à-vis des élus bâtisseurs. Pas de réponse, donc faisons-le nous même et finançons s’il le faut des associations qui défendent le droit à un logement pour tous.
- Soyons deal-maker avec les parties prenantes, et notamment avec les banques. Pour la rénovation énergétique comme pour l’accession des primo-accédants, on sait que la question du financement est clé. Plutôt que d’attendre que l’Etat se mette d’accord avec les banques, grillons-lui la politesse et lançons des discussions avec les principaux acteurs financiers. Trouvons des compromis et allons ensuite voir l’Etat avec des solutions prêtes à l’emploi.
La balle est dans notre camp, si nous ne voulons pas nous retrouver dans la situation du Royaume-Uni dont nous parlons dans notre focus ci-dessous. Car les choses sont désormais claires : être un secteur en crise n’est plus une condition suffisante pour bénéficier d’un plan de relance. Pire encore, le journal Les Echos estime dans son édition de ce matin que Bercy compte sur 2 milliards d’économie suite aux annonces du CNR. Bienvenu dans le monde d'après, le vrai.
A retrouver également dans cette newsletter : notre partenaire Club Funding présente son modèle, les objectifs ambitieux de la Californie pour augmenter le stock de logements, les tops et les flops de la Proptech mondiale et enfin les bruits de couloir de la semaine.
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